L'ARME FAVORITE
DE L'IMPOSTURE
EST
LA CONFUSION
DES TERMES

  
 
 

























































LA DIFFÉRENCE
ENTRE L'ART ET
LA CHOUCROUTE


   1. La vision du monde
   2. La modernité
   3. La maîtrise technique
   4. Le Courage

   
 




































L'IMPOSTURE,
CE N'EST PAS QUE
LES PRODUCTEURS
SIGNENT
PHILIPPE DJIAN
(OU B.H.L),
ET PAS COSTES


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QUE
LA CRITIQUE AIME
JEAN-LOUIS MURAT,
ET PAS COSTES




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OU
QUE LE PUBLIC
ACHÈTE
PATRICIA KAAS,
ET PAS COSTES

 
 

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L'IMPOSTURE,
C'EST QUE CES BRAVES GENS RÉUNIS IGNORENT JUSQU'À L'EXISTENCE DE
PAUL BOURGET, POURTANT COUVERT DE GLOIRE À SON ÉPOQUE

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ET S'EN RÉFÈRE À MOLIÈRE,
À BREL, OU À
CAMILLE CLAUDEL,
POUR PLEURER LA VALEUR QU'ILS VOMISSENT AU QUOTIDIEN

       Chapitre quatre: la Choucroute.

       L'arme favorite de l'Imposture est la confusion des termes. Aussi, le contempteur de toute valeur donnera-t-il volontiers le même nom sympathique et seyant d'artiste, à Thomas Fersen, et à MICHEL-ANGE, parfois avec candeur, mais jamais sans innocence aucune. Il poussera même souvent l'ultime provocation jusqu'à refuser ce charmant vocable aux Béruriers Noirs, et ajoutera toujours, ayant beaucoup fréquenté les Caissières à LECLERC: "mais, pour qui tu t'prends? tu fais l'même métier qu'LAGAF'!"- Non, non, ami-camarade trisomique, l'INDISPENSABLE ne fait pas le même métier que LAGAF', l'Indispensable, lui, gagne beaucoup moins d'argent.

Aussi, ayant remarqué que 99,9 % des débats mondains à prétention substantielle achoppait sur le contenu même des termes employés, l'INDISPENSABLE va-t-il, à présent, définir deux mots bien distincts.

Premièrement, l'objet dont le but est de distraire le public, et par la même de complaire à ses goûts changeants. Cet objet, en soi, n'est nullement méprisable. Il arrive même à l'INDISPENSABLE de quitter les sphères altières de ses pénates gribeauvaliens, pour se livrer, avec ses gens, à des activités populacières et drolatiques, comme l'écoute de BORIS - "ça va chauffer dans les bermudas!" - ou le repassage collectif de chat. Nous appellerons cet ob-jet, si vous le voulez bien, "art", en hommage à la publicité de NIKE "le football rend dérisoire tout autre forme d'art", et définirons par le mot "artiste", tous ceux qui, de Patrick SÉBASTIEN à Barbara CARTLAND, tentent d'oublier leur échec au bac littéraire ou au concours de Caissière à LECLERC, rêvent de tirer les gonzesses et de gagner du poignon, et contemplent ce mot valorisant inscrit sur leur carte de chômage.

Deuxièmement, l'objet dont le but est de témoigner de la grandeur, de la beauté de l'Homme, et que l'INDISPENSABLE va, tout à l'heure, définir, nous l'appellerons "Choucroute", et, par conséquent, nommerons "choucroutiste" tous ceux qui, de Jérôme BOSCH à l'INDISPENSABLE, en passant par VAN DONGEN, PIRANDELLO, Jacques LIVCHINE, Robert WIENE, Jack LONDON, SCHÖNBERG, Peter GREENAWAY, Jerry-Lee LEWIS, Joël-Peter WITKIN, ou Didier WAMPAS, par exemple, ont choisi, sous l'influence d'une foi fervente, d'une vocation missionnaire, d'une mégalo prognathe, et d'un abus d'alcool, d'arpenter solitaire, famélique, les pieds nus et la croix à l'épaule, les chemins de traverse parsemés de pics et de clous, où les ronces le disputent aux loups, aux mygales géantes, ou aux troglodytes nains - oui! nous, les choucroutistes! vous, le public!

       Aussi, dans la droite ligne de sa conférence prosopopique de 1912 sur les champignons hallucinogènes, l'INDISPENSABLE va-t-il à présent, dans ce spectacle à vocation culinaire, te dire tout de la différence entre l'art et la Choucroute.

       Premièrement: la vision du monde. Tandis que l'artiste pense la même chose que mon boucher ou Florent PAGNY, le choucroutiste, lui, possède une vision du monde forte et spécifique, différente de celle, vulgaire, de ses na-vrants contemporains. Oui, ami-camarade public, ne parlant que de lui, partiel et partial, mais surtout, surtout, jusqu'au-boutiste, il devient, car tel est le pa-radoxe et le grand secret de la Choucroute, oui, il devient universel, ne parlant que de l'Homme; exhibant sur la place publique, impudique et extrême, l'immonde pornographie d'une âme livrée à nue, le choucroutiste dévoile une part d'humanité commune à tous les hommes.

       Deuxièmement: la modernité. L'âme humaine est éternelle, et le mythe du progrès n'est qu'une imposture cherchant à maquiller le renoncement en but. Pourtant, le temps passe (lentement...), le décor change, et le pauvre choucroutiste, contraint de répéter, essentiellement donc, des paroles ances-trales, les met, sous peine de passer pour un servile copieur, au goût, ou au dégoût, du jour, poussant plus loin les recherches formelles entreprises par ses pairs, et témoigne, ainsi, à la fois de la persistance ontologique, et des variations contingentes. Aussi, la Choucroute, à la différence de l'art, est-elle intimement liée à son histoire. Aussi, n'y a-t-il pas de Choucroute mineure, il n'y a que des artistes incultes, lâches, paresseux, et manquant totalement d'ambition.

       Troisièmement: la maîtrise technique. Oh! bien sûr, que nenni non point celle qui est une fin en soi d'une Céline DION ou de tout autre artiste, mais bien celle qui n'est qu'un moyen de passer, fidèlement, d'un monde, celui qui habite le choucroutiste, à un autre, transmissible, celui du papier, de la toile, ou de l'instrument - de la Choucroute en fait.

       Quatrième et dernièrement: le Courage, toujours le Courage. Le courage d'être libre, et donc seul, contre tous, pour préserver l'intégrité de sa vision du monde; et le courage de la pousser à bout, quelques soient les obstacles et les difficultés. Parce que quand on est le premier à avoir raison, on a forcément raison seul - tautologie triviale; parce qu'une idée partagée par plein de gens est un idée vulgaire-re; le mythe d'un choucroutiste porte-parole, ou d'une Choucroute démocratique, ne sont, là encore, que de lâches impostures.

       Et puis, aussi, le courage de supporter, avec le sourire en plus, sinon c'est à l'instant le sempiternel "mais, pour qui tu t'prends, t'as vraiment la grosse tête", oui donc, le courage de supporter la dictature du marché, comme si quelqu'un allait, de bonne grâce aujourd'hui, payer pour une oeuvre qui sera lue dans cent ans;



la dictature du critique qui "a autant à voir avec le choucroutiste, que l'historien avec l'homme d'action"(DUBUFFET) . A l'aide d'une machine à voyager dans le temps, comparons leur jugement péremptoire à la postérité, et brûlons tous ceux dont l'incompétence se révèle manifeste: nous résoudrons ainsi, par leur seule combustion, le problème de l'énergie en France; la dictature des professionnels dont l'aveuglement crève les yeux, tant c'est toujours REMBRANDT ou BRASSENS, et jamais LE CLÉZIO, qui, à terme, génèrent du poignon;



la dictature des responsables, zélateurs d'une censure qui ne dit jamais son nom, et qui, sans cesse, défèquent dans leur uniforme fonctionnaire à l'idée seule qu'un plus haut responsable, dût-il être apocryphe, puisse un jour les tancer;



la dictature, enfin, du public, qui confond, trop souvent, Choucroute et plomberie: "c'est vachement intéressant c'que vous avez fait, j'avais jamais vu ça ailleurs, mais, vous me comprenez, c'est trop ... euh ... enfin c'est pas assez ... enfin, chez moi, ça n'm'intéresse pas, quoi. J'voulais une salle de bain comme chez Monique, enfin, pas d'la même couleur, que ça soit pas exactement pareil non plus ..." - Ta gueule, connard! Le fameux respect du public, c'est pas de te donner ce que tu demandes, c'est de te donner ce dont tu as besoin.

          Allez va, reste petit et laid, moi, moi,