Le billet du Vaquette



Vaquette est parjure. Je suis parjure.

J'ai depuis toujours vomi sur mes navrants collègues (je sais, ami(e)-camarade fan, je vomi à l'envi sur tout, sur tous et tout le temps) qui, bien contents d'eux-mêmes, déclarent, parfois avec un accent du sud-ouest prononcé, mais je ne cite personne, ou plutôt tous : "après cinq ans sans avoir écrit une ligne, ça a été dur, mais bon, je me suis enfermé pendant trois mois, et j'ai réussi à sortir ce nouvel album que mon public attend, avec dix chansons inédites (et une reprise de Richard Desjardins, mais bon, pas "Les yankees", "M'as mett' un homme là-d'ssus" ou "Charcoal", parce que, quand même, c'est un peu hard)".

Oui ! Ami(e)-camarade fan, l'IndispensablE s'est juré, il y a longtemps, de ne jamais rien écrire qui ne lui soit venu auparavant d'une envie pressante, disons sincère, presque impérieuse, de ne jamais rien produire pour répondre à la demande, au marché - mais ne sais-tu pas Vaquette, que dans artisan il y a art ? c'est ça, et dans industriel, il y a triel. Conséquemment, je "produis" peu (tant pis pour ceux qui réclament : "Vaquette, faignant !"), refusant de sortir tous les deux ans dix nouvelles chansons drolatiques et de bon goût sur la nouvelle guerre à la mode, ou les nouveaux chapitres, sans oublier quelques nouveaux interludes, d'un nouveau spectacle professoral.

Bravo Vaquette, bravo, tu es intègre, et courageux aussi, et c'est pour ça qu'on t'aime. Bien. Et puis, j'ai menti, pendant trois ans, un peu plus même, chaque semaine. Le vendredi soir venu, j'étais là, las aussi : "Qu'est-ce que je vais bien pouvoir raconter demain à l'antenne qui mérite que j'ouvre ma grande gueule (vous voyez, on revient à Desjardins) ? Qu'ai-je à dire qui ne soit pas pur vanité et néant ? Plus simplement, qu'ai-je à dire qui m'intéresse un tant soit peu, quand les péripéties de l'actualité me laissent absolument froid, glacé même ?", et puis, tous les samedis après-midi (avant une chaotique rediffusion le mardi sur "Fréquence Paris Plurielle"), j'égrainais "Le billet du Vaquette", une minute de haine dans un monde de brute. Voilà, j'ai avoué, je n'en suis pas très fier, et pourtant, je m'excuse, puisque j'ai fait tout ça pour l'argent, Radio Libertaire payant grassement ses chroniqueurs, allant parfois jusqu'à leur offrir 10% de réduction sur le dernier (ah ! enfin !) disque d'Élisabeth ou de Serge Utgé-Royo.

Pourtant, il y a quelques mois (j'écris ce texte à l'automne 2001), j'ai écouté un "best of" de ces chroniques rediffusées durant deux heures à l'antenne. J'ai beaucoup ri, et j'ai pensé : je n'ai jamais entendu ça, nulle part, c'est un ton nouveau, bien sûr, c'est surtout indiffusable quelque soit le média (en dehors de l'alternatif, comme toujours), et ça, ça m'a plu, vraiment.

Voilà, je vous livre quelques chroniques de cette époque (l'intégral, près de 150 enregistrements originaux, à terme, au niveau "Vaquette"), avec une pensée spéciale pour celle sur la mort de Mitterrand, diffusée le jour même (il faut l'avoir vécu en direct), et dont je suis réellement fier. Pour la petite histoire, l'animateur de la radio, Nicolas Choquet, laissa, après la chronique, un très très très long silence radio.


 

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