Chapitre 2
:
Pourquoi je suis devenu un héros

Avertissement

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Ami lecteur, l’intrigue de cet ouvrage, j’entends l’action, l’action violente, romanesque, ne débute réellement que chapitre 12, avant de laisser place à un roman plus noir et – comment dirais-je ? – infiniment plus dur, plus difficile aussi. D’ici là, d’après quelques profanes cauteleux, les onze premiers chapitres sont chiants – tu peux t’en affranchir.

Fin de l’avertissement

Je suis né avec une intelligence rare, peut-être même unique. C’est un outil magnifique l’intelligence, et utile, cela permet de résoudre plus vite et plus exactement que les autres des équations du troisième degré à huit inconnues.

J’étais un branleur à l’école. J’ai toujours intuitivement haï l’ordre et le travail. Pourtant, à dix-sept ans, après avoir connu pour raisons disciplinaires l’exclusion de huit lycées en trois ans, je découvris la rigueur, l’opiniâtreté de la lutte, le mérite, l’autodiscipline. Quatre ans plus tard, certain qu’il est facile de cracher sur ce que l’on ne peut atteindre et humiliant de se contenter de ce que l’on vous donne – appelons cela la grâce du « non » – je sortais major de l’École Normale Supérieure.

À seize ans, au baccalauréat, je lançais le poids des filles sous le barème des filles : trois kilos à moins d’un mètre vingt, en mordant généreusement la ligne. Trois ans plus tard, je devenais champion de France du cent mètres papillon en cinquante-six secondes quarante-huit – Vaquette ! Ce n’est pas possible ! Tes propos sont puérils, ridicules, aberrants et anachroniques ! Ce n’est pas comme ça que tu vas finir reusta !

Et pourtant, vous n’avez encore rien lu : voilà comment je suis devenu un héros.