Encyclique
aux Fidèles du Grand Mythe Vaquettien


Ami-camarade adorateur du Grand Mythe Vaquettien,

Que vous raconter dans cette Encyclique ?
Introduire d’entrée et à la hussarde la star de cette Encyclique, mon joli scorpion serpent breton – les astrologues géographes apprécieront – que l’incommensurable puissance de la plume vaquettienne a transformé en mythe, "la Rennaise" comme il est désormais d’usage que chacun l’appelle lorsqu’il nous croise au Chalet Vuitton à Gstaad ou plus modestement aux Bains à Paris, cela m’est désormais interdit : son petit frère s’étant inscrit à mon Encyclique, il m’a été impérieusement – vous connaissez les femmes (ou les chats, c’est sur ce point, comme sur tant d’autres, la même chose) – demandé de ne pas écorner l’image de sainte que ce chaste jeune homme au prénom merveilleux (Tenez, c’est bien simple, accolez-lui Edern et vous avez le prénom le plus joli de la Terre) garde de sa sœur sybarite pourtant si pure à ses yeux et, si d’aventure je vous la peins à genoux, il faudrait que ce soit extatique, priant devant un objet pieu : brutalement, vous en conviendrez, cela en devient terriblement moins affriolant (Sans compter que son autre petit frère – Ah ! Les pauvres ! Je ne vous apprends rien j’imagine, cela pond des gosses à ne savoir qu’en faire… – risque, en guise de rétorsion, de ne jamais me retourner l’un des si magnifiques boxers Bruno Banani rouges qui d’ordinaire font de l’IndispensablE dévêtu un homme aussi élégant que lorsqu’il est habillé et qu’il, l’autre petit frère donc, vous me suivez ?, a gardé par devers lui en un geste qui dénote bien plus que de la fan-attitude : du fétichisme ! (Bon, maintenant ça suffit, Renan ! Tu me le renvoies par la poste tout de suite mon slip ou je tue ta sœur et je viole son chat ! – Fais gaffe, j’ai déjà la main sur le Chatterton…))
Conséquemment, il ne me reste qu’à vous parler du passé récent et de l’avenir prochain, somme toute évoquer l’actualité de l’IndispensablE au cœur de sa news letter, c’en est décevant de conformisme, j’en conviens.
Le passé récent déjà. La tournée du premier massacre de Crevez tous s’est achevée triomphalement à Rennes le 17 décembre 2009. Ceux qui étaient présents pourront dire "J’y étais !" : ce fut une représentation exceptionnelle qui me permet d’abandonner sereinement ce spectacle sur un très joli souvenir – la dernière à Paris, le 11 décembre, fut également remarquable et, par delà, cette ultime salve de dates (Lyon, Marseille, Strasbourg, Rouen…) a été une réussite absolument satisfaisante, merci à toutes et à tous, public et organisateurs qui y ont contribué.
Et puis non ! Un simple merci global jeté à la cantonade, cela ne suffit pas, j’entends déjà Pablo, malgré les 7.636 Km qui nous séparent, ordonner à la police politique de Fidel Castro de me bastonner à la matraque en caoutchouc pour cette insuffisance, lui qui partage probablement à cette heure avec le Comandante un rhum-Coca (sans Coca) dans le patio du palais présidentiel. Et bien soit, allons-y donc d’une dernière litanie (pour cette tournée j’entends) de remerciements.
Dans l’ordre.
Merci à Loïc du Grand-Guignol, à Lyon, pour l’accueil dans ta librairie, pour l’hébergement chez toi (merci aussi à ta dame) et pour la chouette soirée dans le remarquable restaurant de nuit associatif de la Croix-Rousse que n’a pas même réussi à gâcher le braquage en règle de mon camion par des racailles de flics (Rassurez-vous, ce n’est pas une généralité gauchiste que je fais là, juste, ces flics se sont comportés, ici comme de plus en plus souvent ailleurs en France, comme des racailles agressives) qui s’en est suivi : puissiez-vous, toi et ta librairie, continuer encore longtemps à faire exister ce petit coin d’autre chose noyé comme la côte vendéenne par le raz de marée du conformisme qui de partout déferle.
Merci à Félix, à Chantal, à Blandine, à toute l’équipe de l’Embobineuse à Marseille. Pourquoi sommes-nous si peu nombreux ? (Je sais, vous n’avez pas non plus la réponse.) J’ai découvert chez vous l’un des trop rares endroits avec lesquels je me sens en fraternité, l’une des rares incarnations de "l’alternatif" comme je l’imagine et tente de mon côté également de le faire concrètement exister : avec ambition mais une immense méfiance envers toutes les récupérations, sans sectarisme mais avec cette intransigeance qui manque tant à la plupart qui ne croient en rien – longue vie à vous !
Merci à Michel du Bateau ivre à Rouen et au "type qui bossait avec toi" dont j’ai – honte à moi ! – oublié le prénom et qui m’a brillamment aidé pour ranger le matériel. Courage pour que continue à exister ton lieu atypique ! Et puis merci bien sûr une fois encore à Boule (Tu réponds toujours présent depuis des années – respect !) qui a organisé cette date avec son grand cœur et ses petits bras musclés. Merci pour le repas qui s’en est suivi tard dans la nuit (Putain bâtard ! J’avais de la route après et je bossais le lendemain, j’étais crevé !) À bientôt, et oui ! j’ai bien entendu ton insistance, on va réussir à travailler ensemble prochainement (Tu vas voir plus bas, j’ai peut-être deux projets pour toi sous le coude…)
Merci comme toujours à la Miroiterie parisienne qui va être bientôt expulsée (si ce n’est déjà fait d’ailleurs…). Merci à Michel bien sûr et avant tout, toujours là, absolument, entièrement, totalement, sans coup férir et dès que j’en ai besoin depuis tant d’années, et merci à Sylvain aussi qui a assuré comme un chef le soir où Michel était au vernissage de son expo. Merci bien sûr encore et toujours à ma fine équipe parisienne, Tristoc et Fabien, pour les coups de mains précieux – qui a dit que Vaquette était désespérément seul ? (Comment ça, moi ?) Merci enfin bien sûr à Blair pour la première partie : "Je préfère mes regrets à vos désirs", elle est magnifique cette phrase que tu as écrite, sur l’essentiel, nous partageons ça et ce n’est pas rien.
Merci à Strasbourg à Mathias, à ses parents qui m’ont logé dans leur joyeux capharnaüm et par-delà à toute l’équipe de Dinoponera même si ce fut ma date en cette fin d’année la moins réussie : je m’en veux terriblement de ne pas avoir trouvé ce soir-là la bonne énergie sur scène, décidément, après ma représentation catastrophique au TOTEM à Nancy, l’est de la France ne me réussit définitivement pas. Merci aussi, ce sera la deuxième fois (J’espère de tout cœur que ce ne sera pas la seconde : vous avez été, je le répète, extraordinaires à Reims) à Marianne et Erwann, et à Virginie aussi pour les coups de main pour la promo (Oui, oui, mille excuses, il faut que je vous réponde un jour à tous les trois, mais soyez certains que je ne vous oublie pas.)
Merci enfin à Céline et à Alain, aux Ateliers du vent à Rennes, de m’avoir offert pour la deuxième fois (là encore, faites que ce ne soit pas la seconde) et malgré la météo terriblement peu clémente (Mazette ! Quel froid il a fait ce soir-là, bravo aux spectateurs de l’avoir bravé, assis, pendant deux heures !), l’occasion de présenter mon travail à un très large public breton (Qu’est-ce que vous êtes forts pour la promo !) Merci aussi pour le dîner qui a suivi (avant la bataille de boules de neige…). C’était une merveilleuse dernière et je suis comblé de l’avoir vécue chez vous et avec vous. J’ajoute bravo pour votre travail, comme quoi, une fois encore, comme pour l’Embobineuse à Marseille et même si c’est désespérément trop rare, oui ! "l’alternatif" peut s’incarner concrètement par delà le blabla improductif de tous les donneurs de leçons qui ne changent le monde qu’en paroles, un spliff à la main. Il suffit pour ça d’un peu d’imagination… et de beaucoup d’ambition et de travail. Longue vie aussi à vous et à votre lieu.
Pablo ? Peux-tu dire aux messieurs en uniformes qui sont présentement devant mon bureau (Tu sais pourtant que je déteste les uniformes, souviens-toi de la mauvaise impression que m’a laissée à Bruxelles ton ami dictateur potentiel au service du prolétariat…) de rentrer immédiatement à la Havane (ou de demander l’asile politique en France), j’ai dit merci tout comme il faut ? Plaît-il ? Oui, oui, d’accord, d’accord : merci Pablo de leur demander de partir. Voilà, ouf ! je me sens mieux (Merci…)
Le passé récent (ainsi que la police politique cubaine) évacué(s), place à présent, comme promis, au futur prochain : que nous réserve-t-il donc t’on ? (Yo !)
D’abord, la sortie – "Enfin !", je vous entends récriminer – du DVD du premier massacre de mon Crevez tous, j’espère pour la Noël mais je ne vous cache pas que l’exigence vaquettienne est terriblement chronophage (Vous en avez l’habitude, non ?) et que nous travaillons énormément pour passer outre les multiples difficultés qui se dressent, hydre monstrueuse face au Chevalier rouge, sur le chemin de la réalisation d’un objet que je rêve aussi abouti que le (dernier) CD. J’espère vous donner des nouvelles plus précises dans une prochaine Encyclique en espérant que je ne baisse pas définitivement les armes devant tant d’adversité pour laisser ce projet mort-né se noyer dans le flot tumultueux d’éternels regrets – Jasper, ta gueule !
Ensuite, après la sortie du DVD donc, disons courant 2011-2012 pour une sortie prévisionnelle en avril 2024 (ou avant si tout se passe bien), je compte m’atteler à l’écriture du deuxième massacre de mon "Crevez tous", "Mes adieux à l’underground (Une réhabilitation de l’aigreur)" dont je parle à chacun depuis si longtemps et qui j’espère sera mon chef-d’œuvre – Tu as raison Didier : c’est facile de se moquer.
Entre les deux (le DVD et ce nouveau massacre, pour ceux qui définitivement ne suivent rien), je compte m’offrir, et vous offrir conséquemment, quelques exercices de style ludiques, disons des "récréations" (au sens où le spectacle "Un siècle et demi de chanson française hard-core" était une récréation : un objet, certes vaquettien, mais monté en quelques semaines plutôt qu’en quelques mois (pour ne pas dire années…) où l’exigeante ambition (chronophage, donc) de l’IndispensablE laisserait place à un peu plus de spontanéité et de plaisir immédiat (pour son auteur et peut-être même également pour son fidèle public…)).
Au choix, dans le désordre et sous réserve des opportunités pratiques, concrètes, disons professionnelles, qui s’ouvriront ou pas pour de telles réalisations (J’attends vos éventuelles propositions…), de mes envies du moment surtout et peut-être même de l’enthousiasme plus ou moins marqué dont vous me ferez part en retour (N’hésitez conséquemment pas à me faire parvenir vos commentaires sur la question) pour telle ou telle de ces incarnations vaquettiennes (J’entends que tout ceci est sans garantie aucune, peut-être que plusieurs de ces projets verront le jour, peut-être aucun d’entre eux, là encore j’espère vous donner des nouvelles plus précises sur cette page prochainement) :
1) Un polar, "Du champagne, un cadavre et des putes", qui verra un flic désenchanté enquêter sur un meurtre dans le monde merveilleux de la prostitution provinciale française. Tenez ! J’ai même d’ores et déjà, outre le titre (donc) et dans leurs grandes lignes, la trame, les personnages et l’univers passablement bien "sourcé" (Eh oui ! Je ne fréquente pas que des normaliens…), l’illustration de la couverture, ici exactement. Seyant, non ?
2) Un concert (avec des musiciens, des "pointures" de la scène parisienne pour être précis) de reprises des standards rock/blues/country américains dans une énergie à la fois très rock’n’roll et très délirante (Mais vous connaissez Vaquette, cette facette du Vaquette sur scène du moins…) : "The Red Brothers – lay off their red suede shoes !" à l’Utopia, LA boîte de blues de Paris.
3) Une version concert (avec des musiciens également mais très probablement pas les mêmes, peut-être le groupe Poney club qui partage avec l’IndispensablE ce difficile équilibre entre énormément d’énergie radicale et une ambition, disons, conceptuelle, intellectuelle, exigeante, difficile d’accès… – appelons ça du trash-intello encore et toujours) de la "Conjuration de la peur", idéalement le morceau intégral mais, à défaut, peut-être exclusivement un extrait de cinq minutes pour un set unique chez Taddeï sur France 3, une façon, après avoir adapté pour la scène le CD en version "leçon de choses parlée" (Version que je ne renie absolument pas bien sûr), de donner sa chance au morceau dans une incarnation purement musicale, un très excitant challenge que j’ai bien envie de relever (mais pas avec n’importe qui et pas n’importe comment), idéalement pour la sortie du DVD histoire de vous proposer deux versions radicalement différentes du même objet.
4) Une chronique hebdomadaire de l’actualité (depuis le temps qu’on me la réclame, ça y est, je me sens prêt à l’assurer) dont il resterait pourtant à définir le support (Je ne vous le cache pas, c’est là que le bât blesse.) Un blog ? Bouais, c’est terriblement vulgaire et, surtout, je n’ai pas que ça à foutre, convenons-en. Un blog payant ? C’est autrement plus séduisant et en accord avec la démarche d’autoproduction que je mène depuis tant d’années (Tenez ! même Marc-Édouard Nabe s’est mis récemment au Do It Yourself…), seulement voilà, après avoir profondément réfléchi à la question en marchant tel un philosophe allemand autour de l’Eibsee (Ne cherchez pas de jeu de mots caché, je fais simplement référence à une authentique péripétie de mon récent périple en Bavière), je crains que ce ne soit terriblement utopique, illusoire même, et que je me retrouve au final avec 5 abonnés payants (et donc un revenu mensuel négligeable en plus que d’être ridicule) et 12.257 lecteurs qui auront trouvé naturel de lire mes textes d’une façon ou d’une autre sans débourser un traître centime (Je sais, je sais, je suis petit, comptable et mesquin – une seule réponse, non, deux plutôt, elles sont d’Orelsan et de Stupeflip : "La morale de l’histoire, c’est Allez tous vous faire baiser !" et "Tes critiques de merde sont localisés dans ton cul !") Reste donc à attendre qu’un journal papier me recrute prochainement à prix d’or, mais, je ne sais pas pourquoi, j’ai le sentiment que Charlie et Siné Hebdo ont perdu mon numéro de téléphone… Peste ! Comme ils ont tort ! En plus, j’ai un super titre de la mort qui tue pour ma chronique (Je ne vous le livre pas ici de peur qu’on me le vole, il est vraiment trop bien !) : tenez, c’est bien simple, c’est un titre aussi affriolant que l’incontournable "Charb n’aime pas les gens", c’est tout dire (non ?) !
5) Enfin, la possibilité peut-être la plus étonnante et la moins probable de toutes : un "restaurant éphémère" dans lequel, pour une soirée seulement, je jouerais au chef pour les quelques-uns d’entre vous qui auront l’envie (et les moyens, avouons-le, c’est une réalité regrettable mais dont il est difficile de s’abstraire) de découvrir cette facette de ma personnalité polymorphe qui, pour ceux qui l’ignoreraient (Je parle aux militants d’un camp ou d’un autre égarés sur cette Encyclique), est difficilement réductible à celle d’un crevard punk austère n’aimant pas la vie, juste bon à cracher sur Zemmour sur France 3 et gueuler en manif "Anarchie vaincra !"… Au menu, œuf coque au foie gras et morilles, ris de veau au porto et morilles (de nouveau) servis sur une tranche de brioche, Saint-Jacques à l’ail flambées au cognac et son riz pilaf ou filet mignon à l’orange sauce curaçao et ses deux purées, de pommes de terre aux truffes et de marrons aux morilles (définitivement, toujours les morilles…), ajoutez à ça une sélection de (très bons, des classiques comme des découvertes) vins servis au verre sur chaque plat en fonction de l’accord avec celui-ci, un plateau de fromage en provenance de mon "maître affineur" dont la sélection est réellement remarquable ou des desserts de l’IncontournablE Pierre Hermé (Ah ! Son gâteau aux truffes noires pour les fêtes !)…

Voyez ! J’ai plein de projets encore – Ouf ! Je ne suis définitivement pas mort, ni même encore trop vieux.

À bientôt donc pour de nouvelles aventures,

Crevez tous,

L’IndispensablE

PS : Comme toujours, du moins souvent, une montagne de mails trône majestueusement dans ma boîte "À répondre". La nuit, lorsque le vent touche sa cime, on entend comme un murmure, un gémissement qui semble me glisser à l’oreille "Écris-moi ! Écris-moi à moi au moins !", mais le cœur sec de l’IndispensablE reste sourd à cette prière et, le matin, je ne peux que jeter un regard sur le sommet chaque jour encore un peu plus haut de ce colosse qui me toise. Alors, coupable, par avance épuisé et doutant chaque jour un peu plus de ma capacité à relever un tel défi (C’est rien de le dire…), je me promets, sous peine de manquer à tous mes devoirs, d’un matin aller chercher les crampons, le piolet et les cordes cachés sous la poussière quelque part dans ma cave et de me lancer une fois pour toute à la conquête de ce géant des Andes.
Hou, hou ! Milliers de cailloux de la montagne ! Vous me pardonnez ? Oui ? Sérieusement, vous me pardonnez ? Alors merci d’avance une fois encore, et, une fois encore, comme toujours, je vous assure que si je ne trouve ni le temps ni l’énergie pour répondre à l’immense majorité d’entre vous, je lis en revanche avec attention et, je le confesse, souvent beaucoup de satisfaction, tous les mails que je reçois : soyez des princes, des princesses, en lieu et place de fierté mal placée et de rancœur ("Bon d’accord, qu’il ne réponde pas aux autres, je le comprends absolument, mais à moi qui le connais personnellement, peut-être même très intimement, à moi qui lui ai organisé une date, à moi qui ai réussi à publier un article sur lui dans mon journal économique local, franchement, franchement… son silence me fait mal et je ne lui pardonnerai jamais !"), cultivez plutôt de la compréhension pour mon impéritie et soyez certains que, le plus souvent, c’est justement parce que vos mails nécessiteraient une réponse un peu longue que je les mets de côté dans l’espoir de trouver un jour du temps à leur accorder. Mauvais calcul…



Vaquette au Salon du livre de Paris le samedi 27 mars de 16h à 19h - Stand N67

À l’occasion de l’anniversaire des dix ans de sa maison d’édition, l’IndispensablE dédicacera son roman "Je gagne toujours à la fin" (et rencontrera avec joie son fidèle public) sur le stand du Diable vauvert

Je ne sais plus si je vous avais raconté cette anecdote frappante à l’époque et je vous concède qu’il est bien trop tard à l’heure où j’écris ces lignes pour que j’ai le courage d’éplucher une à une mes Encycliques pour déterminer si définitivement à mon grand âge je radote. Bah ! Au pire je m’en sortirai par mon éternelle pirouette, "la répétition est la base de la pédagogie"…
Anecdote frappante, donc.
La dernière fois que je suis allé au Salon du livre de Paris, c’était déjà comme auteur pour, coincé derrière une table, sourire et dédicacer : un écrivain en promotion, c’est un objet quelque part entre un travailleur à la chaîne et une pute sur le tapin, beaucoup moins bien payé que la deuxième, plus mal encore que le premier, mais tellement plus prestigieux que les deux réunis qu’il faut définitivement être Vaquette ou Nabe pour s’en plaindre. Mais passons, laissons ces règlements de comptes au deuxième massacre de mon Crevez tous, à ma prochaine réhabilitation de l’aigreur, l’anecdote frappante n’est pas là.
La dernière fois que je suis allé au Salon du livre de Paris, je m’en suis fait expulser manu militari par les vigiles du lieu parce que ces charmants jeunes gens avaient coincé un marginal, un type manifestement un peu à l’ouest qui avait volé des livres. À l’un des derniers lecteurs de France, d’ailleurs, on aurait dû remettre la médaille du mérite ou, puisqu’en ces temps il faut définitivement opter pour la répression, l’intégrale de Beigbeder. En lieu et place, nos amis-camarades du service d’ordre l’ont tabassé sous les yeux d’une centaine de visiteurs du salon, tous progressistes, cultivés, assurément antifascistes, n’en doutons pas, et pour la plupart de gauche – Vous pensez ! Si on se déplace au Salon du livre, qu’on vote Cohn-Bendit et qu’on s’abonne à Télérama, ce n’est tout de même pas pour qu’on nous confonde avec des beaufs lepénistes : on est de gauche, certes, mais de là à tolérer les pauvres tels qu’ils sont, il y a des limites tout de même… –, oui donc, le pauvre garçon s’est fait tabasser sous les yeux de tous ces braves gens si prompts pourtant à dénoncer le fascisme lorsqu’il se dissimule sous une burka ou rampe à moins de 6.000km de nos côtes sans qu’aucun d’eux ne cesse un instant d’observer les papillons qui, il faut croire que c’est la conséquence du réchauffement climatique, ont alors pullulé autour de la porte de Versailles. Aucun ? Non bien sûr, car un petit village a su résister encore et toujours à l’envahisseur, un petit village rouge, seul contre tous et qui s’appelle naturellement, vous l’aviez deviné, l’IndispensablE. Remarquez, mon anecdote frappante s’achève en queue de poisson et sans morale aucune, juste un arrière goût désagréable, comme un mélange de bile et de sang car, au final, si avec un peu de bêtise mon intervention aurait suffi à rasséréner ma conscience, elle n’a en revanche pas été d’une grande utilité au pauvre homme puisque quelques secondes à peine après avoir crié, héroïque, mon indignation face à l’injustice violente du monde et tenté courageusement d’intervenir du haut de mon statut de star de l’underground, je me suis retrouvé sur le macadam, dehors, fermement raccompagné par ces délicieux jeunes gens en uniformes qui ont ainsi pu achever sans intervention intempestive de l’arbitre leur délicieuse rencontre Auteuil – Boulogne (dans cet ordre, le marginal était blanc et les vigiles, bougnoules) : 11 à 1, enfin, 11 contre 1 plutôt, victoire par KO de l’équipe à domicile.
Pourquoi je vous raconte ça, moi (et ce pour la seconde fois, j’en suis à présent à peu près certain sans même avoir à éplucher mes archives) ? Puis-je vous confesser la réponse ? Oui bien sûr ! Je vous raconte ça… pour meubler un rien cette colonne. Voilà, c’est avoué.
Parce que, tout de même, si je vous dis "Youpi ! Youpi c’est la fête pour les dix ans de mon éditeur ! Youpi nous sommes une grande famille, Nicolas Rey, Régis de Sà Moreira, Louis Lanher, Thomas Clément, etc. et moi ! Youpi gigateuf le vendredi aux Caves Saint-Sabin (N’insistez pas, vous n’êtes pas invités) ! Youpi maxi-dédicace de tous les auteurs le samedi après midi ! Youpi ! Youpi ! Youpi !", vous allez me toiser un rien circonspects en doutant de ma sincérité au risque que mon image d’intégrité, de courage et d’inflexibilité vacille dangereusement sur ses fondations.
Mais si, en revanche, histoire de faire mon bad boy du tchékar, je vous affirme – Nique ! Nique ! Trop rebelle ! – que ça ne me fait pas du tout plaisir d’aller serrer la main à Aïssa Lacheb-Boukachache, Youcef M.D. ou Ayerdhal, de claquer la bise à Coralie TNT, et puis aussi de montrer ma gueule à mon fidèle public – Vaquette est dans la place ! –, je risque, convenons-en, de mentir presque autant et ce serait mal à l’égal.
Salon du livre de Paris, Porte de Versailles – Pavillon 1, boulevard Victor, Paris 15ème. Métro Porte de Versailles ou Balard. Au diable vauvert : stand N67.




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